A PARTIR des I Ve et V
e siècles, époque où notre continent commence son évolution
autonome, l'histoire de la civilisation européenne présente une série de
mutations successives.
Sur ce point, il est bon d'insister
. Si par Renaissance, nous entendons une période qui s'étend
approximativement sur les XV e et XVI e siècles, il
est certain que tout ce qui se rattache à cette époque est
"Renaissance", et même que tout ce qui se passa au XVIII e
siècle est "du XVIII e ".
Le terme de
Renaissance est appliqué, à un moment où la culture , la littérature,
les sciences et les beaux arts , recouvrent une période donnée avec
ses problèmes . Mais le véritable style Renaissance fut loin d'être
universellement répandu avant la fin de l'époque ainsi désignée.
La France fut, le premier pays qui reçut la renaissance
de l'italie. Elle dut cet avantage aux guerres entreprises pour la conquête du
royaume de Naples, et du Milanais. Commencée sous Louis XII, la renaissance se
développa rapidement sous François 1er, qui protégea les savants et les
artistes ,fonda le collège de France ,l'imprimerie royale et mérite
d'être" le Père des Lettres et des Arts"
La renaissance eut d'abord peut d'influence
sur la littérature française. Elle ne produisit que des érudits ,des
philosophes ,passionnés par l'antiquité grecque et romaine. Cette
période est signalée par des travaux d'érudition et finit au 16em siècle, avec
la siècle de François 1er. Avec Henri II ,il commence une seconde période
pendant laquelle la langue française se perfectionne et compte beaucoup d'écrivains
célèbres.
Le premier érudit qui acquit
une réputation Européenne fut Guillaume BUDÉ, Érasme
l'appelait le Prodigue de la
France.
Ce fut lui qui décida François 1er de fonder le Collège de France dont
la direction fut offerte inutilement à Érasme. On créa 7 chaires dont la
direction fut offerte à sept professeurs appointés, qui donnèrent des leçons
gratuites sur toutes les branches des connaissances de l'époque.
François Vatablesur l'Hébreu, Pierre Danès ami et rival de Budé comme hélliniste,
sur le grec, le Maçon sur le latin, Guillaume Postel sur la
langue orientale, Finé Oronée sur les mathématiques ,d'autres professeurs sur
la médecine, la philosophie .. etc .
De toutes les professions, du
nouveau Collège ,aucun ne fit plus de bruit que Pierre de la Ramée ou Ramus
,qui d'abord valet au collège de Navarre devint maître sans maître,
obtint
la chaire de philosophie ,attaqua avec violence Aristote ,puis Quintillion, et Cicéron, brûle
les images des saints ,embrassa la réforme qu'il voulu réformer et
périt à la Saint Barthélemy de la vengeance personnelle de son ancien
collège Jacques Charpentier.
L'université à la Sorbonne ,depuis
longtemps célèbre, s'était opposée a la Fondation du Collège de France. Le
grec et l'hébreu leur paraissaient des langues hérétiques . Mais François
1er prit sous sa protection le nouvel établissement Il envoyait chercher à
grands frais , les manuscrits anciens en Italie, en Grèce, et jusqu'en Asie
Mineure.
Pour les éditer François
1er fonda l'imprimerie
royale .Le savant Adrien Turnèbreen fut le directeur ,et
l'habile Garamond en grava les caractères grecs ( police
bien connu chez les informaticiens).
Les Estienne,
famille
d'imprimeurs érudits, publièrent des éditions aussi belles que
correctes.
Robert, un des fils fit le "Thésaurus liguoe latinoe"
. Les
Badius furent les collaborateurs et rivaux des Estienne . Les autres érudits
les plus connus furent Jacques d'Étaples, Etienne Dolet, brûlé comme
hérétique, sur la place Maubert , le commentateur Lambin qui travaillait avec
une sage lenteur, Jules César Scaliger également ,vaniteux, et passionnée sur
l'antiquité ,trois passions communes de cette époque.
La langue française formait
peu à peu de langue d'oc comptait déjà des prosateurs ,et des poètes
renommés. Après Joinville et Villehardouin, elle avait eu Froissart
Jean chroniqueur
naïf et intéressant de la guerre de cent ans pendant la dernière moitié du
14eme siècle. Enguerrand de Monstrelet chroniqueur Bourguignon, qui
continua le récit de Froissart, jusqu'en 1453; Alain Chartier le père
de l'éloquence française ,secrétaire de la maison de Charles VI et Christine
de Pisanfille de l'astrologue de Charles VII, tous deux admirés de
leurs contemporains pour leurs nombreux écrits, proses, et vers, enfin l'auteur
anonyme de la chronique de la Pucelle d'Orléans
Aux premières
années du 16em siècle appartient Philippe de Comines , auteur
judicieux et politique d'excellents mémoires sur les règnes de Louis XI et de
Charles VII. viennent ensuite les mémoires de Louis de la Trémouille
; ceux du Chevalier sans peur et sans reproche, écrit par son loyal serviteur
le Maréchal de Fleuranges ,surnommé le jeune aventureux , et ceux du Joachin
du Bellay, citons aussi le poitevin Jean Bouchet , poète et
historien..
Ce fut sous le règne de François
1er que sa Soeur Marguerite de Navarre
, protectrice
des savants et surnommée la "deuxième muse" composa " son Heptaméron
" recueil de 72 contes licencieux comme ceux de Boccace. Le valet de Chambre
de cette princesse Bonaventure Despériers, publia 90
"nouvelles et joyeux devis". Il avait pour devise " loisir et
liberté" , il finit par se suicider. Avec l'Heptaméron ,on range parmi
les premiers monuments du Français moderne, " l'Institution
Chrétienne" de Calvin, pour le style correct et
précis, mais froid et monotone ,et surtout "les faits du Géant Gargantua
et son fils Pantagruel , dont les 3 premiers livres furent publiés en 1552 et
écrits
par François Rabelais , qui fut successivement mutin, bénédictin, collaborateur de Dolet
et même secrétaire d'Ambassadeur et curé de Meudon.
Il chercha a acquérir
les connaissances de son temps ,mais resta athée ,septique et épicurien.
Il composa ses romans en "buvant et en langeant" pour dirigé sa grossièreté
dit- il pour égayer ses malades ,mais ce fut surtout pour ses attaques contre la
religion la royauté et la magistrature. Il contribua à donner à la langue sa
syntaxe et à l'enrichir par de nouvelles constructions , il la chargea
d'ailleurs trop souvent de mots grecs et latins ,il l'avilit presque toujours
par un cynisme qui a fait dire au doux Saint François "cet infâme
Rabelais" et à la Bruyère "c'est le charme de la canaille.."
La poésie française avait été
représenté au 13eme siècle, après Alain Chartier et Christine de Pisan
, par deux
poètes Charles d'Orléans qui pendant sa captivité avait composé des
vers élégants et gracieux ,VILLON
escroc parisien , gracié deux fois
par Louis XI , auteur de quelques pièces vives et spirituelles et d'une
versification heureuse.
Villon créa le genre marotique qui fut perfectionné
par Marot, au commencement du 16 siècle . Clément Marot dont le père Jean
Marot, était un poète distingué protégé par Marguerite de Navarre et par
François 1er, donna à la cour, son humeur facile , son ton gracieux
et élégant, qu'il a su donner à ses épîtres et ses ballades et ses épigrammes,
mais sa traduction mauvaise de psaumes et son attachement à la Réforme
le firent condamner à l'exil où il mourut dans l'indigence à Turin.
Mellin de St Gelais , ami de
Marot reproduisit les qualités de son style et importa d'Italie en France le
sonnet et le madrigal.
La langue française et son
perfectionnement
La langue française avait
jusqu'au milieu du 16eme siècle une naïveté et une gaîté toutes
gauloises, des constructions vives et naturelles, des termes explicites, presque
toutes les qualités du caractère national . Mais elle manquait encore de
correction , de goût , et de noblesse, qualités précieuses qu'elle allait acquérir
sous Henri II, et sous ses premiers successeurs, en attendant qu'elle fit définitivement
fixée par les écrivains du 17eme siècle.
Notre langue devait se perfectionner
sous l'influence de l'antiquité grecque et romaine. A l'avènement de Henri II
plusieurs causes avait déjà préparé cette influence, avec les nombreux
travaux des érudits comme Palograve, de Despautère, et autres
philosophes .
Les établissement scientifiques de François 1er et son édit de
Crémieux prescrivait aux tribunaux l'usage du français.
FRANÇOIS RABELAIS
, contribua a la perfection de cette langue qui,
avait su orner la langue maternelle de tours et de notes empruntés a
l'antiquité. Dix ans après la mort de François 1er , JOACHIM
du
BELLAY publia sa "Défense
et illustration de la langue française".
C'était le manifeste d'une
école(manifeste de l'école gréco-latine de 1549 ) qui prétendait régénérer
la poésie française en abandonnant les traditions gauloises de l'école de
Marot , pour imiter les constructions et les termes
mêmes des auteurs grecs et latins. Cette école avait pour chef Pierre de
Ronsard
qui appliqua la nouvelle poésie dans Franciade , poème épique ,avec
ses sonnets ,ses odes, ..
LA PLEIADE
Pierre de Ronsard fut l'admirateur de ses contemporains
qui le surnommèrent "l'Homére du Vendarnois", avec du
Bellay, Iodelle, Belleau, Baïf, Daurat et Ponthus de Thiard, il forma une
Plaïde poétique( nom d'une constellation adoptée par 7 poètes alexandrins du
3eme siècle. )
Ronsard à force d'imitation servile
,tomba dans des exagérations ridicules.
Il appelait Bacchus, Porte
Sceptre, Apollon porte Perruque , le soleil Brûle champs. Le
protestant Du Bartas , disciple de la même école ,appelait les vents "
les postillons d'Éole . Malgré ces excès , Ronsard et du Bellay eurent
quelques vers heureux dans les pièces qu'ils composèrent . Leur réforme
échoua après un brillant succès, contribua quand même à donner au langage poétique
, un ton plus noble et plus approprié aux grands sujets.
Ce fut un poète
de la pléiade Etienne Jodelle , qui réforma le théâtre Français. On avait
commencé au moyen age par représenter dans les églises sous le nom de "Mystères",des
scènes empruntées a la vie du Christ ou des saints. Le succès des Mystères
avait fait naître le goût des représentations profanes et les clercs de
"La Basoche"(salle du palais de justice) avaient joué des pièces
allégoriques appelées "Moralités". Ils amenèrent les Farces
,drames comiques , dont le plus célèbre est "l'Avocat
Patelin" et les drames satiriques représentés par les "Enfants
sans souci "joyeuse bande de jeunes Parisiens dont le chef
s'appelait "Le prince des Sots".
François 1er s'était vu
forcer de réprimer ses deux compagnies par des édits et par la censure et en
supprimant les licences. En 1548 le Parlement ordonnait par arrêté aux confrères
de "la Passion "de renoncer désormais aux Mystères pour se borner aux
sujets licites ,profanes et honnêtes.
Notre théâtre allait renaître par
l'imitation de la comédie , de la tragédie de l'antiquité. Iodelle alla plus
loin , il composa ,d'après les règles des anciens "Cléopâtre captive"
qu'il représenta avec des amis en présence de Henri II et de la cour. Il eut
un véritable triomphe et peu après il composa une tragédie
"Didon" et une comédie 'La rencontre" .Sur ces traces
marchèrent Jean de la Péruse, Garnier, Larivey en attendant Corneille.