L’originalité ovidienne

La réécriture ovidienne peut alors être considérée comme fondatrice du mythe de Pygmalion,

métaphore du mystère de la création artistique et exaltation du pouvoir de l’art : Vénus est sensible à

l’amour de Pygmalion pour la statue qu’il a créée et lui accorde vie. La métamorphose qui s’opère devient

un hymne à l’art qui non seulement imite le nature mais la dépasse.

Le mythe de Pygmalion a connu une fortune exceptionnelle en littérature et dans les arts plastiques.

 


 

« De retour chez lui, l’artiste va vers la statue de la jeune fille ; penché sur le lit, il lui donne un

baiser ; il croit sentir que ce corps est tiède. De nouveau, il en approche sa bouche, tandis que ses mains

tâtent la poitrine ; à ce contact, l’ivoire s’attendrit ; il perd sa dureté, il fléchit sous les doigts ; il cède ;

ainsi la cire de l’Hymette s’amollit au soleil ; ainsi façonnée par le pouce, elle prend les formes les plus

variées et se prête à de nouveaux services, à force de servir. L’amant reste saisi ; il hésite à se réjouir, il

craint de se tromper ; sa main palpe et palpe encore l’objet de ses désirs ; c’était bien un corps vivant ; il

sent des veines palpiter au contact de son pouce. Alors le héros de Paphos adresse à Vénus de longues

actions de grâce ; sa bouche presse enfin une bouche véritable ; la jeune fille a senti les baisers qu’il lui

donne et elle a rougi ; levant vers la lumière un timide regard, elle a vu en même temps le ciel et son

amant ».

Ovide Les Métamorphoses, Pygmalion, Livre X