retour page accueil

Héritiers d'une longue et féconde tradition médiévale, les ingénieurs de la Renaissance tentent de maîtriser toutes les facettes des techniques de leur temps. Inventifs, habiles de leurs mains, ils possèdent la science de tous les matériaux. A la fois artisans et artistes, ils relèvent des défis qui semblent impossibles, laissant la part belle à leur imagination, mêlant intuition et pragmatisme, ils réalisent concrètement machines de siège, engins de levage, engrenages, charrues, moulins, métiers à tisser, automates, ponts, écluses, galeries de mines, fours, vernis, colorants...

Ceux qui affrontent ainsi l'univers des techniques se dotent d'une formation solide en de multiples domaines et, surtout en Italie, se sentent capables de réaliser toute commande ou de résoudre tout problème. Ainsi, le florentin Brunelleschi, qui fait son apprentissage chez un horloger, achève la coupole du Duomo de Florence en 1436 tout en se révélant grand architecte et sculpteur talentueux.

Cette polyvalence, cette maîtrise de talents multiples, se retrouvent également chez Léonard de Vinci qui, dans une lettre de 1482 au duc de Milan, Ludovic le More, se vante de son habileté: « J'ai établi des plans de passerelles très légères... Je peux dévier l'eau des fossés d'une place que l'on assiège...

Je connais des procédés qui permettent de détruire n'importe quel château‑fort... Je sais construire des bombardes faciles à déplacer... des voitures couvertes, inattaquables et sûres, armées de canons... Je suis à même de me mesurer avec tout architecte aussi bien pour construire des édifices publics ou privés que pour amener l'eau d'un endroit à un autre. Qu'il s'agisse par ailleurs de peindre ou de travailler du marbre, du métal ou de l'argile, je produirai des oeuvres qui soutiendront certainement la comparaison avec celles de tout autre, quel qu'il soit. »

Ce qui pourrait passer pour de la prétention excessive, de l'orgueil démesuré, n'est que le portrait de ces hommes du XVe siècle, aptes à tout

La volonté de savoir

Le personnage de Léonard de Vinci est un des grands mythes de la Renaissance technicienne. On lui attribue souvent une foule d'inventions dont en fait seul un petit nombre est réellement original par rapport à de grands ingénieurs comme Francesco di Giorgio.


. Le peintre allemand Dürer se voit ainsi confier la construction des fortifications de Nuremberg et publie en 1527 un très remarqué "Art de fortifier les villes et les citadelles."  maîtriser tous les domaines du savoir et de la technique. Seul Michel‑Ange, parce que génie d'exception, pourra encore se vanter d'être à la fois poète, architecte, peintre et sculpteur. Désormais, le temps est celui de l'approfondissement d'une spécialité à l'instar des auteurs du Bergbüchlein, le premier livre (paru en 1505) qui traite de la constitution et de la recherche de ressources métallifères.

Entre mathématiques et ingénierie, la conjonction se fait sans cesse plus fructueuse. La connaissance de l'algèbre progresse rapidement, malgré la persistance de quelques vieilles erreurs, et les applications techniques de ces nouvelles données sont rapides. Luca Pacioli, à la fin du XVe siècle, ou Tartaglia, Cardan et Ferrari au siècle suivant donnent à la science occidentale de précieux instruments mathématiques.