Pierre Breughel le Vieux retour page accueil

L'École flamande du XVIe siècle, dans son ensemble, n'est pas faite pour donner des joies bien profondes aux amants du pittoresque.

 Alors, et alors seulement, nous verrons apparaître, à côté du groupe serré des individualités de haute marque, des portraitistes tels que les Pourbus et Antonio Moro, des peintres de genre, et accessoirement de paysages, comme Breughel le Vieux.

Original, dans le sens le plus absolu du mot, il est, tout ensemble, l'éloquent traducteur de l'esprit populaire de son époque et le fidèle gardien de la tradition nationale.

Fils de paysans il arriva, sans nul doute, à Anvers, tout jeune, poussé par une vocation ardente, et n'eut guère de peine à s'y trouver un maître. Celui dont il fit choix n'était pas un mince personnage, architecte, sculpteur, peintre, dessinateur de patrons de vitraux et de tentures, érudit sérieux par-dessus le marché, Pierre Cœck d'Alost était un homme dont on pouvait beaucoup apprendre. Inconnu, plutôt indéterminé,  comme peintre, il se révèle d'une manière tout à fait remarquable dans quelques sculptures,  parmi lesquelles une cheminée monumentale, à l'Hôtel de Ville d'Anvers,


Breughel, dont la date de naissance n'a pas encore été précisée, n'entra chez Pierre Cœck qu'après le second mariage de celui-ci, conséquemment vers 1539 ou 1540, car le peintre avait alors une fille, qui devait être un jour la femme de son élève . Breughel aurait eu, à cette époque, une quinzaine d'années, l'âge normal de l'entrée en apprentissage, à Anvers, pour les futurs artistes.


 Breughel quitta Pierre Cœck pour se remettre en apprentissage chez Jérôme Coeck.   C'est qu'en effet, Jérôme Coeck était avant tout éditeur et, comme tel, avait besoin de recourir au talent d'un bon nombre  de collaborateurs.

 Jérôme Cock  se révélait, à travers toutes ses publications, comme un appréciateur extraordinairement éclairé des choses d'art flamand.

Au retour du voyage de Jérome Cock en Italie c'est de sa boutique, Aux quatre vents, que sortent, pour la première fois aux Pays-Bas, les reproductions des œuvres de Michel-Ange, de Raphaël, de Jules Romain, d'André del Sarto et de Bronzino ce qui ne l'empêche pas de devenir, pour les paysagistes et pour les architectes, un véritable initiateur de reproductions d'œuvres de Jérôme Bosch, mort depuis bientôt un demi-siècle, et de compositions non moins typiques de Pierre Breughel.


Ici, toutefois, intervient dans la carrière de Breughel une circonstance importante, sinon décisive : un voyage en Italie, précédé, d'un voyage en France.

Qu'on ne nous demande pas ce qu'avait à voir sur les rives du Tibre et de l'Arno un peintre comme Breughel, et ce que les imposants souvenirs historiques, les monuments ou l'aspect du pays pouvaient apporter à l'éducation de ce passionné des choses rustiques.


Aussi bien, le voyage de Breughel nous procure une série de créations absolument remarquables


Il faut dire pourtant que si Breughel se complaît à tirer pour ses œuvres un large parti aussi des perspectives fluviales, il semble d'abord impressionné, pendant ses voyages, par le spectacle imposant que lui procure la traversée des Alpes.

On est à l'aise sous l'égide d'un pareil patronage, pour affirmer que pas un autre peintre n'a traduit avec un sentiment plus profond de sa majestueuse grandeur l'aspect des sites montagneux.

Jérôme Cock fit graver sous les yeux et sous la direction de Breughel, tout un ensemble de vues des Alpes en les décorant de .titres qui sont de purs prétextes.


Ici, pour la première fois, se révèle le Breughel de la tradition, l'humoristique interprète des mœurs locales.


Observateur profond., humoriste intarissable, Breughel n'est homme à reculer devant aucun des détails que comporte un sujet. De son temps, comme aujourd'hui encore, à la différence de ce qui se pratique en Hollande, l'exercice du patin était pour les Flamands pur prétexte à amusements

 À Anvers, on faisait sur la glace des fossés le tour de l'enceinte dont les talus fournissaient un amphithéâtre de premier ordre aux spectateurs plus avides


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Source imprimée
HENRY HAVARD, «Pierre Breughel le Vieux (premier article)», in Gazette des beaux-arts, Paris 1890, série 3, tome 3, p. 112 et suiv