BAPTÊME,
subst. masc.
A.
RELIG. CHRÉT.
1. Sacrement que l'Église administre à un enfant ou à un adulte
par le symbolisme de l'eau et au nom de la Trinité, afin de l'introduire
dans la communauté chrétienne en le purifiant du péché originel.
Baptême par aspersion (de toute une assemblée),
par immersion
(du corps),
par infusion (en versant de l'eau sur la tête) :
1. Le dimanche, après la messe,
on faisoit les fiançailles et les mariages; et le soir on baptisoit
les catéchumènes et les enfants. Ces baptêmes se faisoient comme
dans la primitive Église, par les trois immersions, les chants et le
vêtement de lin.
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 2,
1803, p. 441.
2. Je me rappelle toujours le
jour de ton baptême. On te fêtait, en bas, on faisait la noce. Moi,
on m'avait oubliée au lit, dans ma chambre.
MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1465.
Loc. Baptême du sang.
Martyre pour la foi pouvant remplacer le baptême si celui-ci n'a pas été
administré. Baptême de pénitence et de désir. Désir vif et sincère
de recevoir le sacrement de baptême accompagné du repentir de ses fautes
pouvant tenir lieu de baptême aux personnes qui ne l'ont pas reçu :
3. Faisant un dernier effort, le
Sachem tira de son sein un crucifix que lui avoit donné Fénelon. « Atala,
dit-il, d'une voix ranimée, que je meure dans ta religion! que
j'accomplisse ma promesse au Père Aubry! Je n'ai point été purifié par
l'eau sainte; mais je demande au Ciel le baptême de désir. »
CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 461.
Baptême sous condition. ,,Celui qui
est conféré à quelqu'un dont le baptême antécédent est douteux,
c'est-à-dire quand on a, après enquête, quelque raison sérieuse de penser
qu'il a pu être invalide. On rebaptise alors avec cette condition : « Je
te baptise si tu es capable » [d'être baptisé]. Le sujet ne serait pas
capable d'être baptisé s'il l'a été déjà validement`` (MARCEL
1938). Nom de baptême. Prénom que l'on donne à l'enfant au
moment du baptême :
SYNT. Acte, certificat, extrait, registre de baptême;
cérémonie, cortège, dîner, dragées, fonts, jour, robe, toilette, vœux du
(de) baptême. Demander, recevoir le baptême; imposer, refuser le baptême.
2. P. méton.
a) ,,Fête et cérémonies dont on accompagne ordinairement le
baptême`` (Lar. 19e).
Rem. Attesté dans les princ. dict. généraux.
,,Suite des personnes invitées à un baptême`` (Lar. 19e)
:
. P. ext. Baptême d'une cloche. Cérémonie au cours de
laquelle un prêtre bénit la cloche et lui donne un nom. Baptême d'un
navire. Bénédiction donnée par un prêtre lors du lancement du navire.
MAR. Baptême de la ligne. Fête burlesque au cours de
laquelle les passagers ou les marins qui traversent l'équateur pour la
première fois, sont aspergés d'eau de mer. ,,Les armements nordiques
fêtent de même le passage du cercle polaire`` (LE CLÈRE
1960) :
8. ... ce jour-là, nous
traversâmes la ligne, par zéro de latitude, zéro de longitude, et zéro de
déclinaison; (...). Ce fut un jour de grosse joie et de grand désordre
dans tout l'équipage : c'était la cérémonie que nos marins appellent le
baptême, et que les Anglais nomment le jour de grande barbe.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t.
1, 1823, p. 121.
ART MILIT. Baptême d'un canon, d'un lot de
poudre. ,,Inscription repère portée sur un canon, sur des douilles`` (LE
CLÈRE 1960).
MAR. ,,Signe distinctif dont est marqué
un sac à voile, un point d'amure, un pavillon, etc.`` (BARBER.
1969).
2. Arg. ,,Cérémonie burlesque par laquelle on introduit un
novice dans un groupe, une société`` (ESN. 1966).
C.
Au fig.
1. Usuel. Initiation, apprentissage
Loc. Baptême de l'air.
Premier vol effectué en avion. Baptême du feu. Première
participation à un combat :
11. Le 20 août 1914, mon régiment
reçut le baptême du feu et laissa le quart de son effectif
sur le terrain.
J. R. BLOCH, Destin du Siècle, 1931, p. 78.
PRONONC. ET ORTH.
1. Forme phon. : [
].
Durée longue pour la 2e syll. dans PASSY
1914 et BARBEAU-RODHE 1930 (cf. aussi les
dict. hist. de FÉR. 1768 à DG).
FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 352, note que ,,p
est muet dans (...) baptême, baptiser (et re-),
baptismal, (fonts) baptismaux, baptistaire, baptistère, baptistin
(-ine), rebaptisants`` (Cf. aussi CLÉDAT
1930, p. 71, § 77; BUBEN 1935, p. 113, § 117, qui
ajoute à la liste de FOUCHÉ : anabaptisme,
anabaptiste; GRAMMONT Prononc. 1958, p.
82, KAMM. 1964, p. 170, ainsi que
MART. Comment prononce 1913, pp. 284-285 : ,,p est
muet devant t dans ba(p)tême et tous les mots de la famille.
[Il ajoute en note :] Peut-être dit-on quelquefois baptismal, non
sans une nuance de pédantisme.`` Cf. encore
ROUSS.-LACL. 1927, p. 161). 2. Hist.
Les dict. hist. précisent tous : ,,On ne prononce point le p.``
Cf. p. ex. FÉR. 1768 et FÉR.
Crit. t. 1 1787, Ac. 1798 et Ac. 1835 qui
ajoutent que le p ne se prononce pas non plus dans les 4 mots suiv.
: baptiser, baptismal, baptistaire, baptistère (cf. aussi
Ac. 1878). Ac. 1878 signale ,,le p ne se prononçant pas
on écrit aussi Batême``.
ÉTYMOL. ET HIST.
1. XIe
s. liturg. batesma « sacrement destiné à laver le péché originel et
à faire chrétien celui qui le reçoit » (Alexis, éd. Chr. Storey,
Paris, 6d : De saint batesma l'unt fait regenerer); 1160 baptesme «
id. » (WACE, Rou, 1re
part., 569 dans GDF. Compl. : E se baptesme
volt receivre); 1704 (Trév. : Baptesme du martyre, ou le
Bateme de sang. On appeloit ainsi le martyre des Cathecumenes, qui
mouroient pour la cause de l'Evangile avant que d'être baptisez); 1834 p.
anal. (LAND. : Baptême se dit aussi de la cérémonie
qu'on fait sur les cloches en leur imposant un nom, et les consacrant au
service divin); 2. p. ext. emploi burlesque 1690 (FUR.
: Baptême. En terme de marine est une cérémonie profane, dont usent tous
les matelots envers ceux qui passent la première fois sous le tropique ou
sous la ligne).
Empr. au lat. chrét. baptisma, baptismus (empr. au gr.
)
« ablution, lavage rituel » (Itala, Marc. 7, 4 dans TLL s.v.,
1718, 17); spéc. « rite d'initiation de la religion chrétienne » (Itala,
Rom., 6, 4, ibid., 34).
STAT.
Fréq. abs. littér. : 888. Fréq. rel.
littér. : XIXe s. : a) 1 609, b) 1 238;
XXe s. : a) 1 498, b) 838.
BBG.
GOTTSCH. Redens.
1930, p. 348, 375.
POPE
1961 [1952], § 640.
SAIN.
Lang. par. 1920, p. 363.